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Hannibal le lecteur

La tristesse du samouraï / Víctor del Árbol

4 Septembre 2012 , Rédigé par Hannibal Publié dans #Polar espagnol

La tristesse du samouraï (La tristeza del Samurái), paru chez Actes Sud en 2011, est le second roman du Catalan Víctor del Árbol (le premier n'ayant pas été traduit pour l'heure).


http://polars.pourpres.net/img/uploads/414NGK54euL._SL500_.jpgRésumé

Barcelone. Mai 1981.
María Bengoechea, une avocate reconnue gravement malade, passe ses derniers jours à l'hôpital. Suspectée de plusieurs assassinats, elle reçoit la visite de l'inspecteur Marchán, bien décidé à découvrir toute la vérité.
Mérida. Décembre 1941.
Fuyant son mari, Isabel décide de partir et emmène avec elle Andrés, le plus jeune de ses deux fils. Alors qu'elle croyait avoir fait le plus dur, elle se fait rattraper à la gare par l'un des hommes de main de son mari, qui n'est autre que son amant. Il lui ravit l'enfant pour la contraindre à renoncer à son plan.


Mon avis

Víctor del Árbol travaille pour la police catalane après avoir suivi des études supérieures d'Histoire. De par son parcours, on comprend aisément qu'en matière d'écriture, il ait choisi le polar historique. Bien lui en a pris.

« Il souriait avec cynisme, convaincu que rien n'avait changé depuis 1936. Toutes les énergies, tout le sang versé dans cet affrontement n'avaient servi à rien. Franco était mort depuis cinq ans, et les vices refleurissaient, comme les mauvaises herbes. L'Espagne était de nouveau une friche à vocation de désert, habitée par de pauvres bêtes nihilistes. Seuls les animaux ramollis depuis des décennies étaient capables de se laisser conduire à l'abattoir de façon aussi soumise, capable de croire, et même d'avaler, tout ce que disaient les personnages auréolés de pouvoir. N'importe quoi, pourvu que cela colore d'un peu de foi leur existence languissante, car ils étaient incapables de prendre le taureau par les cornes.
Mais tout cela allait changer. »

Ce second roman (El peso de los muertos, le premier, paru en Espagne en 2006, n'a pas été traduit en français à ce jour) faisant évoluer de nombreux personnages à différentes périodes ne manque assurément pas d'ambition. De la fin de la guerre d'Espagne aux années 1980 en passant par la Seconde Guerre mondiale et le franquisme, l'auteur espagnol balaie avec La tristesse du samouraï l'histoire contemporaine de son pays.

« - Personne n'est jamais complètement innocent.
Honteux et amer, Fernando mesurait combien ces mots étaient justes. Le destin était étrange, il décrivait des cercles qui reliaient les événements apparemment sans liens entre eux et soudain tout s'expliquait. Il comprenait maintenant qu'il était enfermé dans ce cercle et que d'une certaine façon les enfants paient pour les crimes commis par les parents. »

Au fil des pages et des époques, le lecteur découvre de nombreux protagonistes, bien campés, dont les destins vont peu à peu s'entremêler. La part belle est faite aux personnages féminins – María et Isabel jouent toutes deux un rôle essentiel – dont les pensées sont données à voir avec finesse. Tout au long des décennies, les morts se suivent, la haine prend le dessus, et les coupables ne sont pas forcément ceux que l'on croit... Aux intrigues solides et intéressantes s'ajoute une écriture agréable à lire et par moments empreinte d'une certaine poésie.

Avec La tristesse du samouraï, Víctor del Árbol signe un polar historique ambitieux et réussi qui en appellera sans doute d'autres. Le prochain projet de l'auteur catalan mêlera semble-t-il l'histoire de l'Espagne à celle de l'Algérie ? Affaire à suivre...



La tristesse du samouraï (La tristeza del Samurái, 2011) de Víctor del Árbol, Actes Sud (2012). Traduit de l'espagnol par Claude Bleton, 349 pages.

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G
c'est un très joli titre en plus...
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H
<br /> <br /> Oui, je trouve aussi.<br /> "La tristesse du samouraï" est le nom du katana (épée japonaise) qui est offert à l'un des personnages de l'histoire. Il joue aussi un rôle dans l'histoire d'ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br />
G
hum...un auteur espagnol. J'en lis peu (peut-être même jamais lu d'ailleurs) et c'est un tort...Je note...(en plus j aime bien cet éditeur)
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H
<br /> <br /> J'en ai pas lu des masses non plus.<br /> Je me suis rendu compte que c'était le premier polar espagnol chroniqué sur mon blog aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
C
Salut Hoel<br /> J'avais zappé début juillet le 5e anniversaire de ton blog, étant moi-même quelque peu débordé. Je suis content de constater que tu poursuis (lentement, mais c'est chacun son rythme) tes chroniques<br /> sur des romans à ne pas négliger. Continue à partager, c'est bon pour la santé.<br /> Amitiés.
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H
<br /> <br /> Salut Claude,<br /> Merci ! Oui, j'ai moins le temps que quand j'étais étudiant, c'est sûr, alors je continue à mon rythme, doucement mais sûrement.<br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />