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Hannibal le lecteur

H comme Hammett, Dashiell : Moisson rouge

31 Janvier 2015 , Rédigé par Hannibal Publié dans #Polar américain

H comme Hammett, Dashiell : Moisson rouge

Je n'avais pas encore pris le temps de lire ce grand classique qu'est le Moisson rouge de Dashiell Hammett. Ce défi A.B.C. était donc l'occasion rêvée.

Résumé

Le narrateur, un privé de la Continental Detective Agency, est invité à Personville (ou Poisonville, comme la surnomment ses habitants) par Donald Willsson. Il se rend chez lui, où il est accueilli par sa femme, mais attendra en vain l'éditeur du Morning et Evening Herald. En effet, sa femme lui apprend vers onze heures qu'il ne rentrera pas chez lui ce soir. Et pour cause, car il a été abattu de quatre balles vers dix heures, comme le « Continental Op » l'apprendra le lendemain. Il commence alors à enquêter sur le meurtre et rencontre Elihu Willsson, père de la victime et magnat local, à la demande de qui il va se charger de « nettoyer la ville ».

Mon avis


Paru initialement en 1929, puis en 1932 en France sous le titre La moisson rouge, Red Harvest est depuis considéré comme l'un des plus grands classiques du « noir ». Premier roman de Dashiell Hammett (1894-1961), il est également le premier à mettre en scène le « Continental Op », détective récurrent de l’auteur. Le texte a été retraduit intégralement en 2009 par Pierre Bondil et Nathalie Beunat pour Gallimard. Il a été publié en Série Noire (et depuis en Folio Policier), ainsi qu'en Quarto dans un volume comprenant de nouvelles traductions des autres romans de l'auteur, Sang maudit, Le faucon maltais, La clé de verre et L'introuvable, ainsi que deux textes introductifs et une biographie de l'auteur bien documentée et richement illustrée.

Le « Continental Op », l'un des premiers détectives dits « hard-boiled » (ou durs à cuire), a un sens de la justice tout particulier, pour ainsi dire amoral, tant que cela va dans le sens de ses intérêts. C'est en montant les gangs rivaux de la cité minière de Personville les uns contre les autres, faisant au passage grimper en flèche le taux de criminalité, qu'il va la mettre à feu et à sang pour mieux la nettoyer, quitte à risquer lui-même sa peau. Il sera en cela aidé par la belle Dinah Brand, archétype de la femme fatale du roman noir, qui a fricoté un temps avec Donald Willsson, comme avec pas mal d'autres hommes d'ailleurs.

« Pourquoi tu as apporté un pic à glace ?
- Pour t'expliquer comment mon cerveau fonctionne. Il y a deux jours, si par hasard j'y pensais, c'était un outil approprié pour briser des morceaux de glace. » Je fis courir mon doigt le long des quinze centimètres de la lame arrondie, jusqu'à son extrémité pointue. « Pas mal pour épingler ses vêtements sur le corps d'un type. C'est le genre de pari que je me tiens, je ne te mens pas. Je ne peux même plus contempler un briquet sans songer à le remplir de nitroglycérine en pensant à quelqu'un que je n'aime pas. Il y a un bout de fil de cuivre qui traîne dans le caniveau devant chez toi... fin, malléable, et juste assez long pour entourer un cou en serrant avec chaque extrémité. J'ai eu un mal de chien à me retenir de le ramasser pour le glisser dans ma poche, au cas o
ù...

- Tu es cinglé.

- Je sais. C'est ce que je n'arrête pas de te dire. Je suis en train de devenir ivre de sang. »

Hormis le point de départ, Moisson Rouge est plutôt difficile à résumer, surtout sans trop en dire, car l'action et les rebondissements sont incessants. Fusillades, courses-poursuites, explosions, cadavres en pagaille... C'est un véritable feu d'artifice, qui ne peut s'achever que comme il a commencé, dans le sang.

L'histoire étant racontée par le détective à la première personne, on se doute bien qu'il ne va pas mourir en plein milieu du roman. D'ailleurs, sa propension à se tirer des fusillades et autres explosions pour ainsi dire sans une égratignure agacera peut-être certains lecteurs. Malgré cela, on suit avec beaucoup d'intérêt l'enquête musclée du « Continental Op ». Et l'on comprend aisément pourquoi, à une époque où les romans policiers se déroulaient généralement dans l'ambiance feutrée des manoirs anglais, ce roman fit sensation, marquant d'une pierre blanche l'histoire des littératures policières.

Moisson rouge (Red Harvest, 1929), de Dashiell Hammett, lu en Quarto/Gallimard (2009). Nouvelle traduction de Pierre Bondil et Nathalie Beunat.

Cette même traduction existe en Série Noire (2009), 288 p. et en Folio Policier (2011), 304p.

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